Les objectifs cachés dans l’achat de Pointe Lepreau
À l'heure où le Canada, les États-Unis, l'Allemagne, la France et tous les pays nucléarisés se demandent quoi faire avec leurs déchets nucléaires toxiques pour des milliers d'années ;
À l’heure où les cas de contamination radioactive rapportés par les médias se multiplient et où le géant nucléaire français Areva est accusé d’avoir sciemment exposé ses travailleurs et les populations locales du Gabon et du Niger à des taux de radioactivité très élevés ;
À l’heure où le monde fait face à une pénurie imminente d'uranium pour alimenter ses réacteurs et où la Chine construit de nombreuses centrales sans savoir où elle s’approvisionnera car ses maigres gisements ne suffisent même pas à ses besoins actuels ;
À l’heure où les ressources en eau doivent être protégées et où l’industrie nucléaire utilise et contamine d’immenses quantités d’eau pour refroidir ses réacteurs ;
À l'heure où les énergies vertes telles que l'éolien et le solaire font des avancées spectaculaires dans leur efficacité et sont devenues de véritables alternatives économiques ;
À l’heure où les investisseurs privés ne veulent plus assumer les risques financiers de l’aventure nucléaire et que tous les nouveaux projets de centrales sont refusés par la législation américaine ;
À l’heure où des études médicales indépendantes révèlent, hors de tout doute, les sérieux préjudices causés à la santé humaine par toutes les activités de l’industrie nucléaire, forçant ainsi de plus en plus de médecins et de groupes de citoyens à prendre position contre cette industrie ;
À l’heure où la menace de prolifération du plutonium pour l’armement nucléaire est à son apogée et qu’il est reconnu que les filières civile et militaire sont indissociables ;
Comment le gouvernement Charest peut-il considérer faire une bonne affaire en faisant l'acquisition de la centrale nucléaire de Pointe Lepreau, celle-là même qui a presque causé la faillite d'Énergie Nouveau-Brunswick ? Il est vrai que cette transaction avec Énergie NB pourrait permettre à Hydro-Québec de se positionner avantageusement pour exporter de l'énergie aux États-Unis. Toutefois, à la lumière des considérations énumérées ici, on peut se demander si le gouvernement vise d'autres objectifs non divulgués à la population ?
On peut penser que l'achat de Pointe Lepreau compliquerait la tâche de ceux qui réclament l'arrêt du projet de reconstruction de la centrale Gentilly II et son démantèlement pour enfin sortir complètement le Québec de la production d'énergie nucléaire.
De plus, le besoin d’approvisionnement des deux centrales nucléaires permettrait de justifier l'exploration et l'exploitation d'uranium à Sept-Îles, dans les monts Otish ou ailleurs sur le territoire québécois, sans considération pour ceux qui réclament un moratoire ou une loi interdisant ces activités.
Enfin, puisque le gouvernement du Québec devra gérer les résidus radioactifs de ses deux centrales, il pourrait décider d’aménager, sur son territoire, un site d'entreposage permanent des déchets nucléaires. Ce site pourrait, tant qu'à y être, recevoir les déchets radioactifs du reste du Canada et, pourquoi pas, d’autres pays qui payeraient le gros prix pour s’en défaire.
Décidément, le positionnement avantageux d'Hydro-Québec sur le marché nord-américain de l'énergie, c'est l'enrobage de grosses pilules d'iode difficiles à avaler.
Nicole Béland, B.Sc. géologie
Longueuil
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mardi 26 janvier 2010
dimanche 16 août 2009
Amir Khadir s'oppose au développement du nucléaire
Cette entrevue a été réalisée par le cinéaste et journaliste indépendant Martin-Pierre Tremblay:
http://citoyen.onf.ca/blogs/mon-coeur-est-dor-mais-ma-cote-est-dacier/
mercredi 12 août 2009
Le Québec est un paradis pour les entreprises minières.
En tant que géologue de formation ayant moi-même supervisé de nombreuses campagnes de forage d’abord en exploration minière puis en caractérisation environnementale, je me permet de réagir à l’article de monsieur Patrick Lagacé publié dans Cyberpresse le 5 août 2009 concernant le projet d’exploitation d’une mine d’uranium sur la basse Côte Nord.
http://www.cyberpresse.ca/opinions/chroniqueurs/patrick-lagace/200908/05/01-890102-de-tchernobyl-a-sept-iles.php
La plus grosse mine d’uranium au monde est en Saskatchewan. Elle est aussi jugée la plus sécuritaire. Pourquoi ? Parce que toutes les étapes d’extraction d’uranium sont automatisées. Les humains ne doivent pas entrer en contact avec le minerai. L’argument de créer des centaines d’emplois de qualité pour une région en difficulté économique ne tient donc pas la route pour cette industrie où il y a peu d’humains et beaucoup de robots. De plus, les riches gisements de la Saskatchewan ne ressemblent en rien à ceux du Lac Kachiwiss sur la Basse Côte Nord qui sont de type " faible teneur et fort tonnage ". Ces gisements sont plus difficiles à extraire et demandent des méthodes d’extraction plus coûteuses et beaucoup plus polluantes que celles utilisées pour les gisements à plus riches teneurs.
La seule façon de rendre ces gisements à faibles teneurs rentables, c’est que le prix de l’uranium soit élevé. C’est le cas actuellement bien qu’il ait baissé récemment. L’exploitant minier doit, dans ce contexte économique, réussir à extérioriser les coûts d’exploitation le plus possible. Qu’est-ce que ça veut dire concrètement ? L’exploitant minier essaie par tous les moyens de faire assumer les frais de son projet minier par une tierce partie : par exemple, payer la plus basse redevance minière possible au gouvernement, obtenir des subventions et des crédits d’impôts pour ses activités d’exploration, n’assumer que partiellement les coûts reliés à la réhabilitation environnementale de sites miniers et laisser le système de santé publique assumer les frais de santé. Si l’exploitant minier peut profiter d’infrastructures déjà en place tel qu’un train transportant du minerai, les coûts de son projet seront moindres et s’il réussit à faire accepter un projet de mine à ciel ouvert qui est moins coûteux mais dévastateur pour l’environnement alors ses profits seront encore supérieurs.
J’ai tout comme monsieur Lagacé visionné le vidéo amateur de citoyens inquiets de Sept-Îles dénonçant certaines pratiques de la compagnie d’exploration uranifère Terra Ventures. Cette dernière est propriétaire des droits miniers de la région du Lac Kachiwiss. Dans le vidéo, un homme descend un fil avec un plomb jusqu’à 30 pieds de profondeur dans le tubage d’un puits d’exploration effectué par Terra Ventures. La démonstration avec le fil indique que le puits d’exploration n’a pas été sellé en surface à l’aide d’un bouchon de béton.
Selon des règles de précautions élémentaires, la partie supérieure d’un puits d’exploration devrait être sellée soit par une couche de bentonite (argile gonflante) soit par un bouchon de béton pour empêcher la migration potentielle de contaminants de la surface vers l’eau souterraine. Dans ce cas-ci, c’est certain que ça n’a pas été fait. Malheureusement, la compagnie minière n’est pas tenue par la loi à prendre ces précautions toutes simples. Il faut des concentrations de l’ordre de 1 % U3O8 pour que les travaux de forage nécessitent des précautions particulières. Sur la Côte Nord, ces concentrations sont de l’ordre de moins de 0,02 % U3O8. On peut se demander combien d’autres règles de précaution élémentaires sont ignorées par Terra Ventures et les autres compagnies minières lors de campagnes d’exploration. Cette industrie représentée par l'Association canadienne des prospecteurs et entrepreneurs, a élaboré son propre code de conduite qu’elle peut suivre ou non; c’est sans obligation.
Dans l’utilisation de la technique de forage au diamant, beaucoup d’eau doit être utilisée pour forer le roc. D’où provient cette eau? Est-elle récupérée adéquatement ou tout simplement rejetée sans traitement dans l’environnement ? À l’heure actuelle, aucune loi ne régit les eaux de forage utilisées dans le cadre d’une campagne d’exploration minérale. Cette activité se soustrait à la Loi sur la qualité de l’Environnement sous prétexte qu’elle se soumet déjà à la Loi sur les mines. Mais la Loi sur les mines n’est pas conçue pour protéger l’environnement. Récupérer une eau contaminée de forage et en disposer adéquatement, c’est une opération beaucoup plus coûteuse que de mettre un bouchon de béton sur un puits d’exploration…et ça ne paraît pas si c’est mal fait ou pas fait du tout. Tirez-en votre propre conclusion.
Le Vérificateur général a critiqué vertement le manque de contrôle environnemental des projets miniers au Québec. En effet, au Québec, quand une compagnie d’exploration minérale a une attitude négligente face aux règles élémentaires de précaution, on ne peut lui retirer son permis afin de l’empêcher de continuer ses actions qui sont, certes blâmables mais non illégales.
Selon l’institut Fraser, le Québec était, en 2008, le meilleur endroit au monde pour les entreprises d’exploration minière. Pourquoi? Voici les raisons vantées par L’Association de l’exploration minière au Québec :
La plus grosse mine d’uranium au monde est en Saskatchewan. Elle est aussi jugée la plus sécuritaire. Pourquoi ? Parce que toutes les étapes d’extraction d’uranium sont automatisées. Les humains ne doivent pas entrer en contact avec le minerai. L’argument de créer des centaines d’emplois de qualité pour une région en difficulté économique ne tient donc pas la route pour cette industrie où il y a peu d’humains et beaucoup de robots. De plus, les riches gisements de la Saskatchewan ne ressemblent en rien à ceux du Lac Kachiwiss sur la Basse Côte Nord qui sont de type " faible teneur et fort tonnage ". Ces gisements sont plus difficiles à extraire et demandent des méthodes d’extraction plus coûteuses et beaucoup plus polluantes que celles utilisées pour les gisements à plus riches teneurs.
La seule façon de rendre ces gisements à faibles teneurs rentables, c’est que le prix de l’uranium soit élevé. C’est le cas actuellement bien qu’il ait baissé récemment. L’exploitant minier doit, dans ce contexte économique, réussir à extérioriser les coûts d’exploitation le plus possible. Qu’est-ce que ça veut dire concrètement ? L’exploitant minier essaie par tous les moyens de faire assumer les frais de son projet minier par une tierce partie : par exemple, payer la plus basse redevance minière possible au gouvernement, obtenir des subventions et des crédits d’impôts pour ses activités d’exploration, n’assumer que partiellement les coûts reliés à la réhabilitation environnementale de sites miniers et laisser le système de santé publique assumer les frais de santé. Si l’exploitant minier peut profiter d’infrastructures déjà en place tel qu’un train transportant du minerai, les coûts de son projet seront moindres et s’il réussit à faire accepter un projet de mine à ciel ouvert qui est moins coûteux mais dévastateur pour l’environnement alors ses profits seront encore supérieurs.
J’ai tout comme monsieur Lagacé visionné le vidéo amateur de citoyens inquiets de Sept-Îles dénonçant certaines pratiques de la compagnie d’exploration uranifère Terra Ventures. Cette dernière est propriétaire des droits miniers de la région du Lac Kachiwiss. Dans le vidéo, un homme descend un fil avec un plomb jusqu’à 30 pieds de profondeur dans le tubage d’un puits d’exploration effectué par Terra Ventures. La démonstration avec le fil indique que le puits d’exploration n’a pas été sellé en surface à l’aide d’un bouchon de béton.
Selon des règles de précautions élémentaires, la partie supérieure d’un puits d’exploration devrait être sellée soit par une couche de bentonite (argile gonflante) soit par un bouchon de béton pour empêcher la migration potentielle de contaminants de la surface vers l’eau souterraine. Dans ce cas-ci, c’est certain que ça n’a pas été fait. Malheureusement, la compagnie minière n’est pas tenue par la loi à prendre ces précautions toutes simples. Il faut des concentrations de l’ordre de 1 % U3O8 pour que les travaux de forage nécessitent des précautions particulières. Sur la Côte Nord, ces concentrations sont de l’ordre de moins de 0,02 % U3O8. On peut se demander combien d’autres règles de précaution élémentaires sont ignorées par Terra Ventures et les autres compagnies minières lors de campagnes d’exploration. Cette industrie représentée par l'Association canadienne des prospecteurs et entrepreneurs, a élaboré son propre code de conduite qu’elle peut suivre ou non; c’est sans obligation.
Dans l’utilisation de la technique de forage au diamant, beaucoup d’eau doit être utilisée pour forer le roc. D’où provient cette eau? Est-elle récupérée adéquatement ou tout simplement rejetée sans traitement dans l’environnement ? À l’heure actuelle, aucune loi ne régit les eaux de forage utilisées dans le cadre d’une campagne d’exploration minérale. Cette activité se soustrait à la Loi sur la qualité de l’Environnement sous prétexte qu’elle se soumet déjà à la Loi sur les mines. Mais la Loi sur les mines n’est pas conçue pour protéger l’environnement. Récupérer une eau contaminée de forage et en disposer adéquatement, c’est une opération beaucoup plus coûteuse que de mettre un bouchon de béton sur un puits d’exploration…et ça ne paraît pas si c’est mal fait ou pas fait du tout. Tirez-en votre propre conclusion.
Le Vérificateur général a critiqué vertement le manque de contrôle environnemental des projets miniers au Québec. En effet, au Québec, quand une compagnie d’exploration minérale a une attitude négligente face aux règles élémentaires de précaution, on ne peut lui retirer son permis afin de l’empêcher de continuer ses actions qui sont, certes blâmables mais non illégales.
Selon l’institut Fraser, le Québec était, en 2008, le meilleur endroit au monde pour les entreprises d’exploration minière. Pourquoi? Voici les raisons vantées par L’Association de l’exploration minière au Québec :
-législation moderne, stable et gouvernement pro-développement (voir stratégie minérale québécoise);
-réclamations territoriales autochtones réglées sur une grande partie du territoire géologiquement favorable;
-fiscalité extrêmement attrayante :
déduction pour l’investisseur pouvant atteindre 150% dans le cadre du financement accréditif;
crédits d’impôts remboursables pour les entreprises explorant le Québec;
coûts nets pour une junior ou un investisseur qui dépense 100 dollars en exploration :33 dollars !
L’Association ne vante pas de riches gisements potentiels mais plutôt combien on est généreux pour l’industrie minière au Québec.
Arrêtons ces compagnies d’exploration qui méprisent notre santé et l’environnement au profit de leur portefeuille et au détriment du nôtre. Exigeons une réglementation stricte pour les activités d’exploration minérale au Québec.
Cet article est également publié au http://www.gaiapresse.ca/fr/articles/article.php?id=10107
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